Lundi 16 mai 1 16 /05 /Mai 19:31

Le placard

 

Il est sans doute tard. La nuit est probablement tombée. Impossible toutefois de m'en assurer car je suis dans le noir, dans un placard. Je suis assis sur un siège ergonomique. Il s'agit d'un tabouret avec un siège sans dossier pour poser son postérieur et un repose-genoux puisque les jambes sont repliées vers l'arrière. La position est assez confortable. Mes mains sont liées dans le dos et mes pieds sont attachés au pied du siège. Je suis nu. 

J'attends ma maîtresse depuis un long moment. Des heures ? Sans doute. Il n'y a aucun bruit dans la maison. Je repense au parcours qui m'a amené jusqu'ici.

C'était il y a maintenant six mois. Alors que je sortais d'un magasin, cette femme au port altier  marchait devant moi pour sortir. A moment de quitter le magasin, elle s'est légèrement effacée afin que je passe. J'ai poussé la porte en verre et l'ai tenue devant son passage. Elle m'a remercié d'un sourire, a fait deux pas puis lorsque nous nous sommes retrouvés sur le trottoir, elle m'a tendu son sac de courses. Je l'ai saisi par réflexe et elle a commencé à marcher en disant: «  Je m'appelle Anne, et vous ? ».

A la fois estomaqué par tant de naturel et amusé par la situation – les occasions de se faire aborder par une femme ne sont pas si fréquentes – je lui ai emboité le pas. Elle s'est accrochée à mon bras et a commencé à me questionner. Je me suis présenté: 47 ans, divorcé, deux enfants majeurs, un emploi de cadre dans une grande entreprise... Elle a pu juger de mon physique entretenu par la pratique régulière de sport. Comment la décrire ? Grande et plutôt fine, elle porte la cinquantaine avancée avec la sérénité des gens qui sont sûrs de leur pouvoir. Elle était vêtue ce jour là d'un jean et d'un pull à col roulé sous un long manteau en cuir noir qui allait à merveille avec sa chevelure blonde tirée en arrière en une queue de cheval qui dégageait un regard perçant et amusé. Une femme avec une aura certaine qui fait se retourner les hommes (et les femmes !) qui la croisent. Anne m'a tout de suite fasciné, un peu comme le serpent Kaa hypnotise Mowgli dans le Livre de la Jungle.

 

Nous avons ainsi marché dans la ville comme de vieux amis, en bavardant. Jusqu'à ce qu'Anne décide de faire une pause dans un café-librairie. Elle a choisi une table située dans le fond, s'est assise sur la banquette. Je connaissais cet endroit pour l'avoir fréquenté de temps à autre. Boire un verre en feuilletant des livres est un loisir que j'apprécie et dont Anne était apparemment une adepte. Elle m'a dit de lui commander un thé avant de se lever et de partir vers les rayonnages. Lorsqu'elle est revenue, elle a pris place devant sa tasse de thé et a déposé un livre devant moi.

-       « Voilà un peu de lecture. Je suis sûre que vous apprécierez ». Il s'agissait de l'ouvrage « L'art de se soumettre » de Dossie Easton et Janet Hardy, Traduit par Eric Bertrand.

Ma première réaction a été la surprise. En effet je me doutais, à son seul regard, qu'elle avait une tendance à dominer ses semblables. J'ai essayé de plaisanter pour me donner une contenance tout en sachant au fond de moi que c'était cela qui m'avait attiré chez Anne: Sa capacité à prendre possession. Nous avons continué à discuter de tout et de rien. J'étais un peu mal à l'aise et évitais d'aborder des sujets trop personnels. Lorsqu'elle a eu fini son thé, elle m'a souhaité une bonne journée et m'a remercié pour cet agréable moment. Sans autre commentaire elle s'est levée et est sortie. Je n'avais pas osé lui demander quand et où nous pourrions nous revoir. Je suis resté là comme un idiot avec dans mon ventre une boule d'angoisse qui grossissait: J'avais besoin de la revoir. J'étais une mouche qui venait de se faire prendre dans une toile d'araignée; qui savais qu'il était inutile de me débattre et commençais à me résigner. Je savais que je serais dévoré. Mais comment la retrouver ? Je n'avais pas d'adresse, ni de n° de téléphone. Juste un prénom: Anne. C'est alors que j'ai réalisé que tout au cours de notre rencontre qui avait duré à peine une heure, elle m'avait tutoyé d'emblée alors que j'avais adopté un vouvoiement respectueux.

 

Les jours qui ont suivi, je me suis rendu aussi souvent que possible dans ce café-librairie avec l'espoir de la rencontrer à nouveau. J'avais acheté et lisais le livre qu'elle m'avait conseillé. Il s'agissait d'une sorte de manuel pour soumis débutant ou simple curieux du monde très particulier de la domination. Au fil de cette lecture je m'aperçus que ces fantasmes avaient toujours fait partie de moi, depuis ma plus tendre enfance où j'avais éprouvé un réel plaisir à me faire attacher par la petite voisine et à me faire fouetter avec des orties. Elle avait huit ans, moi 10 et j'en garde un souvenir ému encore aujourd'hui.

Je m'asseyais habituellement près de l'entrée de façon à repérer Anne si elle venait à passer par là. Au bout d'une semaine, alors que je commençais à désespérer de la revoir un jour, elle est apparue. Le temps étant devenu plus clément, elle ne portait plus son long manteau en cuir mais un tailleur composé d'une jupe droite et d'une veste gris souris qui lui conférait une allure de maîtresse d'école. Elle m'a fait un grand sourire avant et je me suis précipité pour lui proposer une chaise. Elle a commandé un thé puis nous avons devisé de choses et d'autres jusqu'à ce qu'elle me demande si j'avais lu le livre qu'elle m'avait fait acheter. Je lui ai répondu que le sujet m'intéressait et en particulier que j'étais fasciné par la soumission.

-       Alors voilà ce que je te propose: pendant la semaine à venir tu vas m'écrire chaque jour. Je veux tout savoir de toi, ton histoire, tes fantasmes, tes envies, bref tout.

Elle se leva pour aller aux toilettes et revint avec une grande enveloppe. Elle me la tendit en disant:

-       Mon adresse email est inscrite sur l'enveloppe. Il y a dedans de quoi t'encourager. A n'ouvrir que lorsque je serai partie.

Puis elle s'est levée et est partie. J'ai ouvert l'enveloppe et y ai trouvé sa petite culotte encore chaude.

 

Chaque jour j'ai écrit à Anne, à la fois sous forme de journal et de confession, mes réflexions du moment et des pensées plus intimes. Loin de lui faire des déclarations enflammées je lui ai néanmoins fait part de ma fascination pour elle. J'avais son précieux sous vêtement en permanence dans ma poche et plusieurs fois je me suis caressé en le portant à mon nez. Quelle odeur fantastique.  Elle avait conquis ma vue en m'hypnotisant et maintenant mon odorat était focalisé sur son parfum intime.

Pendant une semaine je ne reçus aucune réponse à mes longs mail mais le vendredi soir elle me donna rendez-vous pour le lendemain matin au café, à 10 heures précises. J'y étais à 9h30 tellement j'avais hâte de la revoir. Elle apparut dans une longue robe fleurie qui convenait bien au temps printanier. Après avoir pris un café elle me demanda de l'emmener chez moi. J'habite à quelques rues et nous avons marché sous le soleil jusqu'à la petite maison que j'occupe. Très émus, je lui fis visiter et je remarquai qu'elle observait chaque détail avec acuité. Elle s'assit dans un fauteuil du salon et me demanda de lui ôter ses chaussures. Je me mis à genoux pour lui retirer ses escarpins ouverts et elle me tendit son pied nu. Je le pris en main, le caressai doucement. Ce geste m'était venu de façon naturelle. Comme d'ailleurs de déposer un léger baiser sur le dessus du pied avant de passer à l'autre. Je ressentais un intense bonheur, comme si je n'avais vécu jusqu'à ce jour que pour ce moment. Dans un grand sourire, elle me demanda:

-       Tu veux me servir ?

-       Ce serait un grand honneur.

-       Bien, alors déshabille-toi.

Je m'exécutai et lorsque je fus nu devant elle, elle fit la déclaration suivante:

-       Tout d'abord tu t'adresses à moi en disant « Madame ». Mets-toi à genoux, les mains sur la tête (je pris la position instantanément). C'est ta position par défaut en ma présence. Tu devras te raser le torse, les aisselles et le sexe. Nous verrons plus tard pour une épilation.

Elle releva sa jupe, dévoilant son entrejambes. Une culotte en coton couvrait son sexe. Me regardant dans les yeux, rabaissa sa jupe, se leva, déposa un baiser sur mon front et me dit:

-       A bientôt. Je repasserai te voir.

 

Je suis resté là pendant un bon moment après qu'elle ait fermé la porte. Je n'en revenais pas. J'étais là, au milieu de mon propre salon, nu, les mains sur la tête et le sexe en érection. Je me suis caressé et ai rapidement joui, l'image de son entrecuisses encore gravée dans ma mémoire. Après avoir pris une douche et m'être rhabillé, j'ai commencé à réfléchir sur ce qui m'arrivait. Une vague d'angoisse est montée de mon ventre, irrépressible. Qu'est-ce que je faisais là ? Je ne connaissais de cette femme ni le nom de famille ni l'adresse. J'étais attiré par une pièce obscure, sans savoir vers quoi je me dirigeais. Est-ce que je ne risquais pas de tomber dans un précipice sans fond ? Deux petits personnages s'agitaient alternativement en moi. Un petit démon rouge logé dans mon sexe: « Allez, fais ce que ton instinct te dicte ». Et un petit ange bleu au sein de mon cerveau: « Tu as toujours été attiré par la soumission ». Ange: « Qu'est-ce que diraient ta famille ou tes collègues s'ils l'apprenaient ? » Démon: « Elle est splendide et tu meurs d'envie de te jeter à ses pieds » Ange: « Ton comportement est anormal, tu es un pervers ». Démon: « Qu'est-ce que ça veut dire ? Tu as besoin d'obéir à une norme ? » Ange: « Cette femme va te faire du mal ». Démon: « Elle est celle que tu as toujours espéré. »

Toute la journée et la nuit qui a suivi mon esprit a fait ces aller-retours entre raison et pulsion. Le lendemain, épuisé, j'ai décidé de me laisser par l'instrument le plus fiable à ma disposition: mon cœur. A mi-chemin entre raison et pulsion, entre cerveau et sexe, les sentiments sont parfois le meilleur guide. Un mail est arrivé sur ma messagerie: « Je passerai en fin d'après-midi. Anne. »

Je me suis donc rasé comme Elle l'avait exigé, j'ai rangé la maison et préparé une collation. A 17 heures on a sonné; elle était là, devant moi, en jupe de cuir noir et chemisier blanc, magnifique dans le soleil rasant de cette fin de journée. C'est à ce moment précis que j'ai réalisé que je venais de tomber amoureux.

 

Elle me tendit le dos de la main; je me suis courbé pour y déposer un léger baiser puis elle est entrée, est allée s'asseoir dans le salon non sans remarquer l'ordre qui régnait, le bouquet de fleurs posé sur la table et le plateau avec le thé et les petits gâteaux. Elle me regardait sans un mot et je compris que je devais maintenant prendre ma position par défaut. Avant de m'exécuter je mis un disque (Aretha Franklin, une chanteuse qu'elle affectionne) en fond sonore et ai commencé à me déshabiller au rythme des accords. Ce strip-tease aurait sûrement semblé ridicule à beaucoup mais j'y mettais tout mon cœur et elle eut la gentillesse d'afficher un grand sourire, amusée et intéressée. Au bout des trois minutes de chanson, j'étais nu devant Elle, à genoux et les mains sur la tête. Elle me demanda de me lever, de lui tourner le dos, d'écarter les jambes et de me pencher en avant en écartant mes fesses pour vérifier que j'avais passé la lame du rasoir sur les parties les plus intimes de mon anatomie. Revenu en position par défaut, Elle prit mon téton gauche avec entre le pouce et l'index de sa main droite et commença à le pincer.

-       « C'est bien, je suis contente de toi. Tu feras en sorte de rester parfaitement lisse »

Elle serrait de plus en plus fort, pinçant méchamment avec ses ongles en me fixant droit dans le yeux. Elle mit à tourner mon mamelon entre ses doigt. La douleur était si intense qu'une larme commença à se former dans mon œil. C'est ce symptôme que la décida à me relâcher.

  • Tu es douillet, j'aime bien mais il va falloir que tu apprennes à souffrir pour moi »
  • ************************************************************************

Très beau récit fidèle, je t'en félicite, nous attendons tous la suite de cette merveilleuse histoire**

 

Ta Mylady

 

 

 

Par Mylady - Publié dans : RECITS
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