
AU FOND DU CACHOT
Du fond de son cachot il rêve, il s’évade dans le passé, il revoit sa Dame..
Pour oublier ses fers, il repense à la douceur de ses mains
lorsqu’elle lui a offert son écharpe
Pour ne plus sentir la chaleur torride, il ressent la tiédeur de l’air
de ce jour de printemps où, pour elle, il a remporté son premier tournoi
Pour ne plus éprouver la soif ardente, il revoit la jolie bouche
qu’il avait eu tant envie de baiser lorsqu’elle lui a sourit
Pour ne plus voir les sombres murs de sa prison, il replonge dans ses yeux,
si bleus, si purs, comme les lacs de son pays reflétant le ciel d’été
Pour ne plus souffrir des brûlures et des marques de son dos,
il imagine le bonheur de caresser ses longues boucles blondes.
Il avait tout juste 7 ans, lorsque son père, petit hobereau de province, l’avait confié au Comte pour lui servir le page. Durant quelques années il s’est initié à la vie de la cour de son seigneur, apprenant à se servir des armes avec le sévère Maître d’armes., jouant et se battant avec les autres pages. A la puberté il était devenu écuyer, fini les jeux, les choses sérieuses commençaient. Les journées étaient bien remplies, il fallait continuer de travailler avec le Maître d’Arme, s’occuper de son Seigneur, l’accompagner à la chasse et même parfois au combat. Les seuls moments de calme étaient le soir lorsque des Troubadours ou des Ménestrels s’arrêtaient au Château. Tous étaient alors captivés par leurs tours, leurs histoires et leurs chants. Ils racontaient les hauts faits des chevaliers, leurs amours pour de belles Dames, les croisades, ce qui se passait à la cour du Roi, etc. permettant à tous, nobles, chevaliers, valetaille d’oublier la rudesse des jours et de découvrir ce qui se passaient hors des murs du Château.
Il rêvait du jour où il serait à son tour adoubé et deviendrait un vrai Chevalier, mettant son épée au service des pauvres et nécessiteux, et prêt à participer à la prochaine Croisade qui se préparait.
L’année de ses 17 ans Monsieur le Comte et le Maître d’Armes le jugèrent apte à devenir Chevalier. Après une nuit de prières, il reçu l’adoubement d’un Chevalier, ami du Comte, au cours d’une fête qui resterait un de ses plus beaux souvenirs. Le lendemain un grand tournoi avait lieu auquel il devait participer devant toute la Cour, la fille du Comte qui venait de rentrer du couvent l’avait autorisé à porter ses couleurs, puisqu’il était l’écuyer préféré de son père. Il ne l’avait jamais vue, à peine entr’aperçue de loin, lorsqu’elle se promenait dans les jardins avec sa nourrice.
Le jour du tournoi, il avait pu s’approcher de la tribune, s’incliner à ses pieds et recevoir l’écharpe qu’elle lui tendait, il avait pris en plein cœur l’éclat de sa jeune beauté, sa fraîcheur, son sourire, la cascade de boucles blondes sur ses douces épaules, et ses yeux ! ses yeux d’azur qui le regardaient tendrement. C’est l’esprit empli de cette image qu’il enfourcha son cheval, après avoir fixé l’écharpe autour de son arme, c’est pour Elle qu’il se battit comme un lion, avec toute l’ardeur de sa jeunesse, et de son Amour naissant. Le combat contre un Chevalier plus aguerri fut épique, mais il l’emporta malgré tout.
C’est épuisé qu’il vint lui offrir, en même temps que sa victoire, une fleur blanche image de la pureté de son Amour. Elle l’en remercia de sa voix mélodieuse et c’est le cœur en fête qu’il quitta le terrain.
Quelques jours après, sans même avoir eu l’occasion de La revoir, il apprit que le Comte et sa suite de Chevaliers, dont lui-même, devait rejoindre la Croisade. L’effervescence des multiples préparatifs ne lui laissa pas une minute de répit. Tout juste put-il écrire un billet qu’il espérait pouvoir lui faire parvenir avant son départ. Il lui avouait son Amour et lui demandait de l’attendre jusqu’à son retour. Il espérait revenir riche et glorieux et mériter alors de demander sa main au Comte, son père. La veille du départ, au cours de la messe célébrée pour demander au Ciel de protéger leur périlleux voyage, il la vit de loin mais ne réussit pas à l’approcher, par contre une de ses suivantes passant à proximité il lui glissa sa lettre avec une pièce d’or en la priant de remettre le pli à sa Maîtresse le plus rapidement possible.
Le lendemain de bonne heure, leur caravane se mit en route. Avant de la rejoindre Il se rendit sous la fenêtre de sa belle, son espoir fut comblé, elle était là et elle lui envoya un baiser du bout de ses jolis doigts. Bienheureux il rejoignit ses compagnons de route, certain que la chance serait avec lui, puisque sa Dame semblait répondre favorablement à ses projets.
Après des jours et des jours de chevauchées épuisantes, une traversée qui ne le fut pas moins, ils touchèrent au but. Hélas, rien ne se passa comme ils l’avaient tous rêvés, les batailles furent terribles, nombreux furent ceux qui tombèrent, et nombre furent fait prisonniers, c’était son cas. Depuis des jours il croupissait dans cette geôle, les infidèles réclamaient des rançons élevées, ou des échanges avec des prisonniers importants que les croisés n’étaient pas prêts à relâcher.
Un jour lors d’une séance de punitions où les prisonniers subissaient le fouet en public, une des femmes du chef le trouva à son goût et demanda à l’avoir comme esclave personnel. Il fut transféré dans les communs, où il dut se plier aux multiples tâches qui incombaient aux esclaves, au moins il pouvait évoluer un peu à l’air libre, et ne se morfondait plus dans ce trou à rats. Mais la place n’était pas de tout repos. Le chevalier, comme ses compagnons, devaient être disponibles à tout moment, au moindre appel. Les chaînes qui entravaient leurs chevilles pour leur éviter la tentation de fuir, le blessaient lorsqu’il essayait de se déplacer un peu plus vite pour satisfaire les exigences de sa Maîtresse, et dieu sait qu’elle n’en manquait pas. Elle le préférait aux autres, ce qui lui occasionnait un surcroît de travail ainsi que la haine de ses compagnons qui s’imaginaient que cette préférence lui apportait des avantages, et ne se privaient pas de lui infliger mille brimades dont il se serait bien passé.
Sa Maîtresse était une très belle orientale brune, opulente, que sa blondeur et sa finesse avaient séduite. Elle saisissait donc toutes les occasions de l’avoir à ses côtés, surtout quand elle se prélassait au bord des bassins, presque nue, essayant de susciter son désir, mais il restait insensible aux provocations, son esprit n’était occupé que de sa Dame, il n’y avait que son image devant ses yeux. Il effectuait le travail demandé, exécutait les ordres, mais sans plus, il ne cherchait pas à plaire comme beaucoup d’autres esclaves, et sa réticence énervait encore plus sa Maîtresse, qui se vengeait de son indifférence à son égard en le faisant punir pour la moindre faute.
Elle prenait un immense plaisir à aller assister aux châtiments qui lui étaient infligés. Elle adorait le voir dénudé, fouetté, entendre ses plaintes ; le voir se tordre sous les coups lui donnait une véritable jouissance, et elle ne s’en privait pas. Alors il avait trouvé une solution pour moins souffrir : il imaginait que c’était sa Dame qui était là, qui exigeait qu’il souffre pour elle, il allait jusqu’à rêver que c’était sa jolie main qui tenait le fouet qui le fouaillait. C’était ses beaux yeux qui le regardaient , c’était son rire qui résonnait sous les voûtes des caves lorsqu’il suppliait en vain.
Il finissait même par apprécier ces moments, les attendre. Lorsqu’il servait sa Maîtresse il ne pouvait faire autrement que de la voir, d’entendre ses récriminations incessantes. Alors qu’attaché, il pouvait fermer les yeux, détacher son esprit de la femme sadique qui le tourmentait et d’y substituer sa Reine, car Elle pouvait tout demander, ce serait avec Amour, bonheur qu’il réaliserait tous ses rêves, il espérerait ses punitions afin de souffrir pour Elle, il lui offrirait son corps pour qu’ Elle y inscrive sa Loi en traits de feu.
Parfois dans ses rares moments de solitude il se demandait ce qui se passait au château, là bas, si loin.. cela faisait 2 longues années qu’il était parti, plein d’espoirs. Peut-être l’avait-elle oublié, sans doute son père l’avait-il mariée à un soupirant riche et influent, qui l’avaient amenée à la Cour du Roi où elle s’amusait, brillait de toutes ses grâces au milieu de gentilshommes empressés, tombant sous son charme. Ses pensées le faisaient plonger dans un désespoir profond. Il ne sortirait plus jamais de ce piège qui s’était refermé sur lui, il y mourrait un de ces prochains jours, de chagrin, de regret, ou sous les coups d’un ennemi, ou ceux du bourreau si sa Maîtresse le décidait ainsi.
Mais sa jeunesse n’acceptait pas longtemps ces perspectives. Il rêvait à nouveau de
départ, de retour, moins glorieux qu’il ne l’avait espéré, mais au moins d’avoir une chance de la retrouver, même appartenant à un autre. Il saurait se contenter de la voir, d’attendre un regard,
un sourire, de porter ses couleurs dans les tournois. Etre à ses pieds tout simplement.
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Un pur bonheur pour ton récit plein de poésie et d'imagination.
Tu sais allier le plaisir et la peur, digne d'une Dominatrice comme toi.
Félicitations ma chère amie.
Mylady
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